L’ethnographie plus qu’humaine

Auteurs

  • Justine LOIZEAU Docteure, ATER Université Paris Dauphine – PSL

Résumé

Mon travail de thèse repose sur une ethnographie plus qu’humaine, conduite en 2021-2022, sur la ZAD post-abandon de Notre-Dame-des-Landes, au cours de laquelle je me suis intéressée aux pratiques d’organisation en commun. Ces dernières sont nées au cours d’une lutte contre un projet d’aéroport – abandonné en 2018 – comme mises en action de deux slogans : « Contre l’aéroport et son monde » qui désigne un refus du modèle capitaliste d’aménagement du territoire ; et « Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la Nature qui se défend » qui assure une résistance à séparer la communauté humaine de son environnement naturel. Il m’a donc fallu emprunter une méthodologie qui prenne en compte, d’une part la dimension politique, et donc refuser la production de « mots et d’idées [sans aspiration à] une transformation du monde » (Fremeaux & Jordan, 2021, p. 19). D’autre part, il n’était pas possible de me limiter à l’observation de phénomènes sociaux humains et j’ai dû envisager une socialité plus qu’humaine (Tsing, 2013).
Au premier abord, l’ethnographie apparait comme une bonne approche en tant que méthode qui tente de comprendre et d’expliquer un peuple et sa culture. Or l’humain qui compose ce peuple a traditionnellement et implicitement été « standardisé [par rapport à] une espèce, généralement “Euro-mâle” » (Ogden et al., 2013, p. 7). Ainsi la méthode ethnographique est historiquement anthropocentrée (Lien & Pálsson, 2021), avec des racines patriarcales et coloniales (Deschne…

Publiée

2024-03-27