À propos de cette revue
La Revue de l'Organisation Responsable (ROR) est une revue scientifique pluridisciplinaire affiliée au RIODD (Réseau International de Recherche sur les Organisations et le Développement Durable) et créée en 2006 par Jacques Igalens (Université Toulouse Capitole). Elle est classée rang 3 par la FNEGE (Fondation Nationale pour l'Enseignement de la Gestion des Entreprises).
Ligne éditoriale de la revue
Initialement conçue pour se saisir des changements liés à l'arrivée de la thématique de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE), thème omniprésent en management depuis le début des années 2000, la revue a rapidement connu un élargissement progressif des thématiques et des champs disciplinaires concernés. En effet, son objet originel, qui semble au départ étroit, impose en réalité une ouverture à toutes les formes d'organisations - entreprises, associations, coopératives, fondations, organisations publiques, etc. et un élargissement de la ligne éditoriale de la revue à l'ensemble des activités économiques modernes autour du travail, de la production, de l'échange et de la consommation. Pour le dire autrement, la ROR se définit aujourd'hui comme une revue qui accueille une réflexion critique sur les développements du capitalisme actuel, car elle a pour acte fondateur l'analyse de la tentative de poser la RSE comme un nouveau mode de régulation du capitalisme.
De la RSE à une approche critique des enjeux socio-environnementaux
Le thème de la responsabilité sociale de l'entreprise, est plus ancien qu'on ne le croit. On en trouve la trace aussi bien dans le paternalisme du XIXe siècle que dans les engagements de grands capitaines d'industrie du siècle passé, dont l'analyse historique aide à éclairer des développements plus récents. Mais force est de constater que c'est à la fin du XXe siècle que ce thème a pris une importance nouvelle et qu'il est devenu une préoccupation essentielle car il est la contrepartie de la place et du rôle majeur des entreprises dans un monde global. Le rapport au temps, le rapport à l'espace, l'inscription des entreprises dans leur cadre réglementaire, leurs relations avec les parties prenantes ont connu plus de changements dans les vingt dernières années que dans le siècle précédent. L'entreprise, à travers les conséquences environnementales de ses activités, devient responsable vis-à-vis des générations à venir. Par sa position de donneuse d'ordre ou de cliente de sociétés implantées dans des pays en voie de développement elle devient également responsable de salarié·es qui ne sont pas les siens. Du fait des attentes de consommateur·rices, de collectivités territoriales, de riverain·es, d'ONG, elle doit se poser des questions nouvelles sur les conditions et parfois même la finalité de ses activités. Les marchés financiers ne sont pas les derniers à avoir pris en compte cette nouvelle dimension, à travers le développement de l'investissement socialement responsable et des agences de notation extra-financière. La consommation socialement responsable ou le commerce équitable posent également de nouveaux problèmes, aussi bien aux producteur·rices qu'aux distributeur·rices. La formation et les processus d'apprentissage sont également influencés par l'émergence de nouveaux métiers s'exerçant dans ces nouveaux marchés « de la vertu ». Les questions de santé au travail sont remises au coeur des questionnements avec les (plus ou moins) nouvelles formes d'organisation du travail ou l'intégration des questions environnementales sur l'utilisation des produits controversés. Tous les secteurs d'activité de l'agriculture aux services, en passant par l'industrie, sont confrontés à la crise écologique et à la prise en compte des risques nouvellement identifiés ou au contraire invisibilisés. L'entreprise « en société » ne peut ignorer les enjeux de la transition sociale et écologique et doit l'accompagner.
La ROR fut ainsi l'une des premières revues francophones à s'intéresser à la RSE (Igalens, 2021), aux communs (Perez & Paranque, 2012) et aux approches critiques du management (Blanchet, 2010). La revue poursuit ses réflexions sur des thématiques d'actualité telles que l'écoconception (Steux & Aggeri, 2021), l'ubérisation de l'économie (Sobczak, 2021), la responsabilité sociétale des écoles de management (Naro & Travaillé, 2022), la décolonisation des enseignements et des recherches en RSE (Ramboarisata et al., 2022), le commerce équitable (numéro spécial 2023-2) ou encore les organisations alternatives (numéro spécial 2024-3). La revue accueille ainsi des réflexions critiques sur le capitalisme, et plus généralement sur les relations entre organisations, marche?s, socie?te?s et environnements :
« La ROR est critique au sens où elle s'intéresse aux multiples crises écologiques, sanitaires, économiques ou sociales frappant nos sociétés Elle cherche à saisir en quoi celles-ci transforment nos manières d'être, de travailler, d'échanger et, plus généralement, de coexister avec les non-humains. [...] La ROR est critique dans son projet de produire des connaissances de rupture, qui remettent en cause et renouvellent des connaissances tenues pour acquises, allant de soi ou sédimentées sous la forme du business as usual » (Blanchet & Berrier-Lucas, 2022, p. 7). Revue transdisciplinaire en Sciences Humaines et Sociales, la ROR revendique un ancrage dans le champ Business & Society en ce qu'elle est spécialisée sur les enjeux socio-environnementaux et interroge les organisations, l'action collective, les territoires ou encore les objets en transition à travers la nécessaire bascule à opérer dans notre société. Ainsi sommes-nous convaincu·es « que les transitions sociales et écologiques doivent constituer un domaine de recherches en soi. C'est en combinant les disciplines en confrontant les approches, en articulant les méthodes que les sciences sociales peuvent espérer avoir prise sur les enjeux sociaux et écologiques » (Blanchet & Berrier-Lucas, 2022, p. 5-6). À l'âge de l'Anthropocène (que nous qualifions plus aisément, dans des approches critiques, de Capitalocène ou de Plantationocène), l'activité humaine transforme le système Terre et provoque des bouleversements qui ne peuvent que questionner « toute une série d'enjeux sociétaux liés à la production et la distribution de richesses, à la gestion des ressources rares, au gouvernement des populations, au droit des entités (non-)humaines ou aux responsabilités des acteur·rices. Plus que jamais, il importe donc d'explorer les ressorts des activités humaines. Saisir leurs fondements culturels, leurs mécanismes socio-économiques et leurs effets multiples sont la condition sine qua none pour engager des transitions socio-écologiques » (Blanchet & Berrier-Lucas, 2021, p. 4).
Les sciences de gestion apportent leur contribution à la recherche de solutions en produisant et diffusant des connaissances validées de façon à animer un débat scientifique comparable à ceux qui traversent les courants anglo-saxons connus sous les dénominations de business ethics, business and society, social issues, corporate social performance. Mais, comme la réflexion sur la RSE ne doit pas s'arrêter aux portes de l'entreprise, elle suppose également d'être enrichie par d'autres approches. L'économie, le droit, la sociologie, les sciences politiques, l'histoire, les sciences de l'ingénieur sont également des disciplines porteuses d'un discours analytique et critique vis-à-vis de ces manières d'organiser, de diffuser et de légitimer les activités économiques. Que ces analyses soient inscrites en sociologie économique, en économie institutionnelle, en économie des conventions, en droit du travail, en sociologie des sciences et techniques, en droit public international ou privé, etc., toutes ont leur place dans la ROR.
Organisation de la revue
Le comité de rédaction de la ROR s'appuie actuellement sur 9 chercheur·es en France et à l'international issu·es des Sciences Économiques et des Sciences de Gestion. Ce comité de rédaction s'appuie sur un comité éditorial et un comité scientifique larges, représentant toutes les disciplines des Sciences Humaines et Sociales et de multiples courants théoriques, et composés de chercheur·es reconnu·es internationalement.
APPELS A CONTRIBUTION
Des formats pour débattre, partager et diffuser
Nous voulons que la ROR soit un espace de discussion multidisciplinaire fertile pour la production de connaissances sur les sujets qui la concerne. Ces espaces sont malheureusement trop rares et leur entretien représente un véritable challenge. Nous nous engageons à relever ce défi à la ROR avec le soutien du RIODD qui a pour vocation d'accompagner et promouvoir la recherche interdisciplinaire sur les mutations des activités économiques qui redessinent de nouveaux rapports entre les sociétés et les organisations humaines. Dans ces domaines plus que dans d'autres, la dimension culturelle est importante et c'est pourquoi il nous est apparu utile d'accepter des articles écrits en français ou en anglais.
Par ailleurs, la ROR a choisi de soutenir le développement d'une pluralité de formats éditoriaux afin de permettre aux chercheuses et chercheurs de s'exprimer en toute liberté à travers des formats classiques (articles de recherche originaux) ou alternatifs (différents formats sont présentés ci-après). Ce pluralisme permet également d'assurer une ouverture du lectorat de la revue, qui dépasse la seule communauté scientifique pour s'adresser à la fois aux étudiant·es, enseignant·es et professionnel·les qui travaillent sur les transitions socio-écologiques actuelles et tentent de nourrir une perspective critique.
Retrouvez le détail des appels à contribution de la revue.


