« Transformer le monde ou se transformer : Production de la performance ESG et production identitaire dans le champ de l’analyse extra-financière »
Résumé
Thèse de Sciences de gestion, soutenue à l’Université Paris Dauphine, sous la direction de Frédérique DÉJEANQ1. Pourriez-vous nous présenter votre question de recherche (son importance, sa pertinence, son originalité, etc.) ? De quelle manière l’avez-vous traitée ?
Dans un contexte d’urgence climatique, les pouvoirs publics se tournent de plus en plus vers les investisseurs privés pour financer la transition énergétique et sociale. Ainsi, la Commission européenne a lancé, en 2018, une « Action Plan on Sustainable Finance » comportant une batterie de règlementations conçues pour augmenter la transparence sur la performance environnementale, sociale et de gouvernance (ESG) des actifs pour inciter les investisseurs à orienter des fonds vers des entreprises plus durables (European Commission, 2018). Or, cette « performance ESG » ne connaît pas de définition juridique ou institutionnelle standardisée et varie selon les agences de notation, comme l’ont montré Berg et al. (2022). D’ailleurs, des scandales récents, comme l’affaire Orpéa, ont montré que les ratings produits par ces agences, qui sont censés refléter cette performance ESG, n’arrivent pas toujours à capturer la réalité des pratiques des entreprises. Dans ce contexte, je me suis demandée comment les analystes, ceux qui travaillent dans ces agences (« sell-side »), mais également ceux qui travaillent pour des gérants d’actifs (« buy-side »), produisent la performance ESG par leurs choix méthodologiques. La question semble pertinente non seulement en raison de l’importance commerciale et politique grandissante de cette « performance ESG », mais également en raison de son caractère de plus en plus controversé…
