LA PLACE DES SERVICES D’ACCUEIL DES URGENCES DANS LES SOINS NON PROGRAMMÉS : QUE RETENIR DES ORGANISATIONS MISES EN PLACE LORS DE L’ÉPIDÉMIE DE COVID-19 ?

Résumé

La saturation des services d’urgences est un phénomène qui s’aggrave, induisant une non-qualité des soins et une souffrance des professionnels qui y travaillent. La période de la 1ère vague de l’épidémie de COVID-19 a paradoxalement vu cette saturation s’améliorer. Ce travail fait l’hypothèse que, au-delà du non recours aux soins, les innovations organisationnelles de l’offre de soins non programmées (SNP) proposées lors de cette crise sanitaire ont contribué à cette amélioration.Une approche qualitative compréhensive menée sur le territoire du Sud Isère à l’automne 2020 a permis de montrer que les SNP renvoient à un concept flou et à des organisations peu structurées et peu lisibles, aboutissant à des recours aux structures d’urgences hospitalières par défaut et aggravant ainsi leur saturation.La réponse à la crise du COVID-19 s’est appuyée sur une collaboration territoriale nouvelle, permise par la solidarité des acteurs. La déprogrammation massive a laissé une place inédite aux SNP. Ces deux éléments ont permis de tester des innovations organisationnelles au profit d’une offre de SNP mieux répartie entre les différents acteurs.La pérennisation ou l’adaptation de certaines des solutions testées lors de cette période permettrait, au sein d’une collaboration territoriale affirmée par une responsabilité populationnelle partagée, de penser l’épisode de SNP comme une étape d’un parcours de santé coordonné. Une gradation de l’offre de SNP incluant les structures privées et publiques, ambulatoires et hospitalières, de soins primaires et d’expertise permettrait de recentrer les services d’urgences autour de la prise en charge des soins urgents.