Quand les crises redéfinissent les leviers du bien-être au travail : dynamiques de transformations et ancrages contextuels
DOI:
https://doi.org/10.54695/rips3.086.0063Keywords:
bien-être au travail, crises, dimension organisationnelle, dimension individuelle, dimension contextuelleAbstract
Dans un contexte tunisien marqué par une instabilité économique ainsi que des tensions sociales et politiques récurrentes, les leviers classiques du bien-être au travail (BET) montrent leurs limites. Cette recherche s’inscrit dans une zone encore peu explorée de la littérature et vise à comprendre les raisons et les logiques selon lesquelles les facteurs du BET s’activent, se transforment ou se reconfigurent en période de crises. En mobilisant un cadre conceptuel inspiré du modèle de la conservation des ressources (Hobfoll, 1989) et du modèle des exigences-ressources (Demerouti et al., 2001), nous analysons la manière dont les ressources individuelles et organisationnelles se recomposent face aux contraintes d’un environnement incertain. Notre méthodologie repose sur une étude qualitative conduite auprès de 31 travailleurs tunisiens, issus de différents secteurs d’activité. Les résultats révèlent une métamorphose des leviers du BET où les dimensions individuelles (résilience, sens au travail), organisationnelles (soutien managérial, reconnaissance, relations interpersonnelles) et contextuelles (conditions socioéconomiques, dispositifs institutionnels) s’articulent différemment sous l’effet des crises. Sur le plan théorique, l’étude invite à une relecture critique des modèles classiques du BET – souvent inadaptés aux dynamiques spécifiques de vulnérabilité, d’adaptation et de résilience – qui prévalent dans les contextes instables. Sur le plan managérial, elle identifie des leviers d’action concrets permettant de renforcer la résilience individuelle et collective et de soutenir la stabilité organisationnelle dans des environnements équivoques.