Perceptions par les soignants des demandes de patient.e.s musulman.e.s en milieu hospitalier belge

Auteurs

  • Marie-Geneviève PINSART

DOI:

https://doi.org/10.54695/machr.252.0057

Mots-clés:

Autonomie, perception du soignant, sensibilité culturelle, prise de décision, discrimination, droits de la personne, Islam, relation patient-soignant, patriarcat, femmes enceintes, accommodement raisonnable, religion, refus de traitement.

Résumé

Nous partons d’un contexte où le patient est une femme, et la demande discriminatoire est fondée sur la religion musulmane. Pour commencer,
nous analysons deux situations hospitalières belges où la soignante est en désaccord avec le refus de traitement exprimé par une patiente musulmane
enceinte. Après cela, nous considérons la perception de discrimination à son égard de la part d’une patiente musulmane. Premièrement, nous montrons
que l’appel à l’autonomie du patient ne peut justifier une demande discriminatoire contre la personne soignante. Deuxièmement, l’identité de genre
entre le patient et le soignant est mentionnée comme une garantie de compréhension, mais cette hypothèse ne peut être généralisée. Troisièmement, la
soumission de la femme à l’homme défendue par une religion justifierait que l’homme prenne des décisions à la place de la femme et que celle-ci ne
soit soignée que par une femme. L’acceptation de cette discrimination à l’égard des hommes soignants renforce la discrimination dont les femmes
sont généralement victimes. Aucun « accommodement raisonnable » ne peut justifier une telle dynamique qui s’oppose aux droits de la personne.
Quatrièmement, le soignant doit néanmoins cultiver une sensibilité culturelle et religieuse. Cela ne signifie pas qu’il divulgue ses convictions ou qu’il
inclut a priori un patient dans une catégorie donnée. En conclusion, la perception du soignant est un bon indicateur de la façon dont une pratique
culturelle ou religieuse respecte les droits de la personne dans un contexte pluraliste et démocratique.

Publiée

2022-12-22