Santé organisationnelle et pouvoir d’agir : une lecture de l’appropriation des normes par les conseillers de France Travail au prisme de la philosophie de Georges Canguilhem
DOI:
https://doi.org/10.54695/rips2.085.0033Keywords:
appropriation, Canguilhem, France Travail, norme, Pôle Emploi, santé organisationnelle, santé au travailAbstract
Cet article analyse les relations entre la santé d’une organisation – France Travail – et le pouvoir d’agir de ses conseillers. Nous nous situons pour cela dans le sillage théorique de Canguilhem qui définit la santé comme normativité, c’est-à-dire comme capacité à s’approprier les normes instituées. La recherche qualitative s’appuie sur un protocole issu de la démarche ergologique. Elle a été menée dans trois agences d’Occitanie et de Provence-Alpes Côte d’Azur et a associé des observations de terrain, des entretiens individuels et collectifs (groupes de rencontres du travail). Nous montrons que les formes de cette appropriation traduisent des rapports aux normes organisationnelles qui oscillent entre conformité, interprétation et transgression. L’instabilité des normes, ainsi qu’un discours fort mais désincarné de la direction sur les « marges de manœuvre » des conseillers, empêchent que les stratégies d’appropriation déployées aient un impact globalement positif sur leur bien-être et leur santé. Ces résultats suggèrent que les pratiques des conseillers gagneraient à être mieux discutées, ce qui supposerait de renforcer le dialogue et les formes d’apprentissage collectives. Au-delà de cette étude de cas et en dépit des limites inhérentes à cet exercice, le lien entre appropriation des normes organisationnelles et santé au travail semble constituer une piste de recherche féconde, notamment après les bouleversements induits par la crise du covid-19.