Chapitre 1 LE POUVOIR MÉDICAL ET LE STATUT JURIDIQUE DU CORPS HUMAIN DISLOQUÉ : LES PROCÈS MÉDICAUX
Mots-clés:
médecine, aspect historique, pouvoir médical, personne humaine, sang, réification, Code de Nuremberg, action judiciaireRésumé
Le XXe siècle a été marqué par quelques grands procès médicaux et, bien que le procès de Nuremberg l’ait emporté dans la dramatisation, l’importance des enjeux n’a cessé de croître : des affaires moins médiatisées de la fin du siècle, dont certaines ne sont pas terminées, mettent en jeu, plus encore que les abominations de la science nazie, les fondements de notre civilisation. Pour montrer comment nous en sommes arrivés là, il convient de faire percevoir un itinéraire qui, du Moyen Âge à nos jours, montre la montée en puissance du pouvoir médical jusqu’au point où, la société occidentale réalisant avec horreur la possibilité d’un cataclysme de civilisation, tenta de conjurer son angoisse en devenant intarissable au sujet d’une bioéthique qui signifiait tout en ne voulant rien dire. On peut considérer que les procès médicaux du XXe siècle n’ont pas cessé de poser la question de la définition de l’être humain, et cela (les juges et les médecins n’en ont peut-être pas une vision très claire), parce que, au tournant du Ve et du VIe siècle, l’artefact juridique de la personne a été utilisé par la pensée théologique, puis par le langage philosophique moderne, pour désigner l’être humain. Cette confirmation de la présence du droit civil au cœur de la civilisation rappelle que l’histoire du droit est autre chose qu’un loisir érudit.
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