UN NOUVEL ESPRIT DU CAPITAL-RISQUE SPATIAL ? SUR QUELQUES TENDANCES RÉCENTES DU FINANCEMENT DE L’INDUSTRIE SPATIALE AMÉRICAINE

Auteurs

  • Arnaud SAINT-MARTIN CNRS

Mots-clés:

capital-risque, Silicon Valley, New Space, États-Unis

Résumé

Le constat d’un basculement dans le financement des activités spatiales s’est imposé aux États-Unis depuis au moins une dizaine d’années. D’abord tâtonnant, puis de plus en plus substantiel, l’investissement issu du capital-risque a infléchi le cours du spatial privé. C’est même l’un des ressorts de ce qu’il est convenu d’appeler le New Space. Il ne s’agit pas seulement d’une source de financement qui en complèterait d’autres. L’introduction du capital-risque s’accompagne de la vulgarisation d’approches entrepreneuriales se voulant innovantes et audacieuses. La recherche des retours sur investissement les plus profitables est un objectif prioritaire, mais les créanciers du spatial « 2.0 » entendent influer directement sur le développement des start-ups qu’ils consentent à soutenir. Les fondateurs d’entreprises se revendiquant du « changement de paradigme » New Space emboîtent le pas et cherchent
à persuader ces nouveaux soutiens que leurs promesses d’affaires sont crédibles. Cela ne fonctionne pas toujours, mais sur le marché des applications spatiales il se trouve toujours de possibles récits de réussite convertibles en dizaines de millions de dollars pour les investisseurs. Cette financiarisation du spatial n’est pas sans effets non plus sur l’establishment, à commencer par la NASA et les grandes firmes de l’aérospatiale. Des dispositifs de capitalrisque
sont ainsi créés par ces organisations. Si elle est encore marginale, l’importation de ces logiques n’est pas anecdotique et atteste la banalisation d’un modèle d’activité entrepreneurial jusqu’alors plus ou moins refoulé.

Publiée

2022-02-03

Numéro

Rubrique

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