ÉDITION ET MÉDIAS CATHOLIQUES: LES SIGNIFICATIONS RELIGIEUSES D’UNE ENTREPRISE. LES DISSOLUTIONS DU CATHOLICISME DES ÉDITIONS DU SEUIL (1935-1970)

Résumé

Du modeste « phalanstère » catholique des origines à l’entreprise florissante sise rue Jacob à Paris (et sur plusieurs sites industriels), aucune ligne droite ne permet de décrire le parcours des Éditions du Seuil qui s’installent comme une marque majeure dans les années 1970. À partir d’archives, d’une articulation des pratiques et des discours selon les différents régimes d’action des agents, c’est-à-dire des différents dispositifs de coordination (professionnels, économiques, techniques, intellectuels, privés…) qui ont configuré Le Seuil, cet article propose d’analyser comment se dessinent des articulations d’ensemble depuis les racines catholiques de l’entreprise qui sont perçues comme une matrice, revendiquée et rejetée à la fois, jusqu’aux formes de son expansion économique et éditoriale. Pour cela, sans les cloisonner, nous proposerons trois séquences. Le Seuil naît d’une revendication de reconquête catholique et devient la raison d’être d’éditeurs autodidactes. Dès les années 1950, l’entreprise s’installe dans un essor de son projet alternatif et entend l’instrumenter par des dispositifs spécifiques. Enfin, l’apparition de mutations structurelles, incarnées dans de nouvelles pratiques professionnelles, qui relèvent d’une édition généraliste de plus en plus économicisée, demeurent, au Seuil, encore indexées sur les recompositions successives du projet idéologique des origines.