LA COMMUNICATION DES ORGANISATIONS EN CONTEXTE DE NUMÉRISATION GÉNÉRALISÉE AU PRISME DES DISCIPLINES ET DES ÉPISTÉMOLOGIES
Résumé
Selon les époques, les théoriciens de l’organisation ont porté un intérêt plus ou moins prégnant et direct à la communication. Son étude en tant qu’objet et réalité observable apparaît dans la littérature académique anglo-saxonne dans les années 1940. L’ouvrage d’Heron (1942) marque la naissance aux États-Unis d’une pensée sur le « discours entrepreneurial » et « la communication industrielle ». Les recherches des années 1950, axées sur les savoir-faire et les outils de communication, se destinent alors principalement aux dirigeants d’entreprises avec des visées prescriptives ou normatives. Dans les années 1960, les recherches acquièrent, particulièrement en économie, un statut scientifique affirmé. L’« organizational communication » est enseignée pour la première fois comme matière principale dans une université. L’International Communication Association crée une division propre, une revue scientifique est éditée (Journal of Business Communication) et des ouvrages appréhendent la communication de manière originale (par exemple Katz, Kahn, 1966). Dans les années 1970, ceux de Goldhaber (1974) et de Farace, Monge et Russel (1977) fondent un champ qui se formalise dans les années 1980 avec des synthèses (par exemple Putnam, 1982), une généralisation des sections dédiées dans des organisations de chercheurs (Academy of management…) et une multiplication des colloques. Au Canada, les travaux de James Taylor (1993) ouvrent un courant de communication organisationnelle qui, inscrit dans une perspective interprétative et pragmatique, fait le lien entre les recherches francophones européennes et anglophones, notamment nord-américaines (Cordelier, 2016)…