Le pont sur l’Oyapock : entre ouverture et fermeture. Les paradoxes d’un obj et socio-technique qui lie et qui délie
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https://doi.org/10.54695/pal.119.120.7835Mots-clés:
Frontière, technique, pont, mobilité, GuyaneRésumé
En 1997, les présidents Chirac et Cardoso évoquent pour la première fois, le projet de pont routier sur le fleuve Oyapock pour relier la Guyane Française et l’état brésilien d’Amapá. Les travaux s’achèvent en septembre 2011 mais il faut attendre mars 2017 pour que l’ouvrage soit ouvert à la circulation. Entre temps, les retards du chantier puis l’inauguration plusieurs fois ajournée ont suscité la critique, ce qui a conduit à remettre en cause son utilité. Rappelons que la frontière n’a été stabilisée qu’en 1900, suite à un arbitrage diplomatique suisse. Cette décision a défini les nationalités des populations concernées en fonction de leur localisation de part et d’autre de l’Oyapock, mais les habitants locaux ont continué à naviguer d’une rive à l’autre. Aussi, dans ce « tout petit monde sans frontière » (Grenand, 2012, p.3), quel est le rôle politique du pont dans la redéfinition de la frontière et des souverainetés en jeu ? Cet article s’appuie sur une enquête originale qui combine une analyse de la littérature grise, de la presse et des méthodes ethnographiques. Il s’inspire de la sociologie des sciences et des techniques permettant d’analyser les conditions de succès ou d’échec des innovations, et de la géographie des frontières. Nous insistons sur la double nature du pont de l’Oyapock, un ouvrage qui délie tout autant qu’il relie dépendamment de l’échelle considérée. Pensé comme un trait d’union diplomatique entre deux pays, il tend à séparer plus que de réunir des populations qui entretenaient jusque-là des relations étroites.