DID ANCIENT GREEKS MANAGE THEIR CITY FINANCES PRUDENTLY?

Auteurs

  • Léopold MIGEOTTE

Résumé

Les cités grecques de l’Antiquité étaient très nombreuses, chacune était en principe souveraine
et, à partir du IVe siècle avant J.-C., la plupart ont pratiqué la démocratie directe. Elles ont eu
une longue histoire, mais c’est surtout aux périodes classique et hellénistique (environ 500-30
avant J.-C.) que leur administration financière est relativement bien connue. Elles ont certes
commis des erreurs et des imprudences : plusieurs se sont endettées lourdement, par exemple,
et beaucoup ont connu des périodes de crise. Mais, selon les philosophes, la prudence ou la
sagesse (phronèsis) était indispensable aux hommes politiques et l’on observe que beaucoup
de cités ont fait des efforts dans ce sens. En effet, la plupart pouvaient compter sur des
revenus diversifiés, dont certains étaient stables car ils provenaient de biens patrimoniaux et
de fondations. Plusieurs cités ont mis en place des réserves monétaires, en particulier dans
des caisses sacrées. Beaucoup ont tâché d’équilibrer leurs revenus et leurs dépenses et de
planifier au moins une partie de ces dernières. En général, elles se sont efforcées de payer
leurs dettes, de tenir leurs comptes avec sérieux et de contrôler sévèrement leur gestion. Leur
système financier était donc plus complexe et mieux organisé qu’on ne l’a souvent prétendu.
Surtout, son originalité était d’avoir pour cadre la démocratie directe : d’une part, les citoyens
réunis en assemblée générale détenaient le pouvoir souverain et décidaient donc eux-mêmes,
entre autres, de leurs obligations et de celles des autres résidents ; d’autre part, il était normal
pour les riches de contribuer personnellement aux dépenses de leur cité, tantôt dans le cadre
de charges publiques, tantôt par des générosités supplémentaires. Ces contributions avaient
certes le défaut de mettre parfois les cités à la merci de leurs notables, dont le pouvoir et
l’influence se sont accrus dans la seconde moitié de la période hellénistique. Mais elles
faisaient partie intégrante du système et servaient en quelque sorte d’impôt sur le revenu.
Leur élasticité donnait de la souplesse à la gestion des finances et permettait de corriger ses
lacunes et ses défaillances.

Publiée

2018-08-01

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