Une mélodie de Charles Bordes au prisme de l’intertextualité

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https://doi.org/10.54695/mu.23.01-03.2021

Résumé

S’appropriant un texte littéraire (le plus souvent un poème), le compositeur
mélodiste effectue une opération de traduction – au sens littéral du terme – puisqu’il
s’agit d’un « passage » d’un langage à un autre. Ce faisant, il crée une œuvre
nouvelle et singulière au sein de laquelle se nouent bien des fils d’horizons
différents. Le tissage est complexe, mais tirer tel ou tel fil qui le constitue amène à
un questionnement intertextuel qui peut aisément trouver ses outils déjà éprouvés
dans les théories de l’intertextualité (de Kristeva à Compagnon en passant par
Genette, Riffaterre, Ruprecht, Bouillaguet, etc.).
Nous proposons une étude de cas précis. En effet, s’emparant en 1895 de la Ve
des Ariettes oubliées de Verlaine (1874), Charles Bordes (1863-1909) – contemporain de Debussy – offre son interprétation d’un poème régulièrement mis en
musique (il est vrai plus tardivement au XXe
siècle, si l’on excepte la version de
Förster, 1897). Ce faisant, Bordes y insère une citation musicale de chanson
connue, fonctionnant comme un clin d’œil du compositeur à l’auditeur, courant le
risque d’une distanciation avec le poème-source. Par ailleurs, ce réseau intertextuel,
multipliant les « versions », se joue à d’autres niveaux, puisque la thématique
verlainienne est loin d’être originale, que le poème sera traduit dans plusieurs
langues, que le dédicataire de l’œuvre entreprend à son tour une adaptation
orchestrale de la mélodie, enfin, que le « vieil air » en question fit l’objet d’autres
récupérations. Par conséquent, cet emboîtement d’emprunts successifs fournira
l’opportunité de réfléchir au rôle de la mémoire dans l’élaboration musicale
référencée.

Publiée

2016-03-01

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