Évolution du recours à l’IVG en France: de l’enjeu contraceptif à la modification de la norme procréative

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Résumé

Si le recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) a
enregistré une baisse sensible en
France du lendemain de sa légalisation en
1975 jusqu’au début des années 1990,
les taux sont stables depuis lors, oscillant
entre 14 et 15 avortements annuels pour
1000 femmes de 15-49 ans (figure 1),
soit environ 200-210000 IVG chaqueannée [1]. Des différences sont observées
selon l’âge des femmes, les taux étant en
augmentation depuis 1990 et jusqu’au
milieu des années 2000 chez celles de
moins de 30 ans et évoluant à la baisse
chez les plus âgées (figure 2). Au total,
on estime aujourd’hui que près d’une
femme sur trois aura recours à l’avortement une fois dans sa vie 1
. Par ailleurs,
depuis 1970, la contraception médicale,
dont l’efficacité est plus élevée que
celle des méthodes traditionnelles, n’a
cessé de se diffuser dans la population
française. Nombre d’observateurs, chercheurs, professionnels de santé, politiques,
s’interrogent sur cette relative stabilité du
recours à l’IVG dans un tel contexte [2].
On ne saurait déduire de cet apparent
paradoxe que la contraception n’a aucun
effet sur le recours à l’IVG depuis le
début des années 1970. Mais, la liaison
est complexe car le recours à l’IVG doit
s’analyser comme un processus résultant
de la survenue de plusieurs événements
conditionnels[3, 4]. Il faut d’abord(i) que les
femmes aient des rapports sexuels alors
qu’elles ne souhaitent pas être enceintes.
Il faut ensuite (ii) qu’elles n’utilisent pas de
techniques contraceptives ou qu’elles
connaissant un échec de leur méthode.
Face à une grossesse non prévue, certaines(iii) voudront recourir à l’IVG tandis
que d’autres choisiront de la poursuivre.
Enfin, celles qui décident d’interrompre
la grossesse, devront (iv) pouvoir accéder
à temps au système de soins dans le
contexte prévu par la loi: terme de la
grossesse, lieu de l’intervention. Dans
un tel schéma, la relative stabilité du
nombre d’IVG depuis 1990 peut traduire
soit la stabilité de chacune des étapes
précitées, soit des évolutions contraires
qui se compenseraient globalement 2
. Ces
différentes étapes peuvent s’articuler les
unes aux autres différemment selon les
phases du cycle de vie

Publiée

2019-03-01

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