Le Docteur Paul Ferdinand Gachet (1828-1909), ami et médecin traitant d’artistes célèbres, artiste lui-même

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https://doi.org/10.54695/mva.68.03.2154

Résumé

Paul Ferdinand Gachet, fils d’un filateur, naquit à
Lille le 30 juillet 1828 et eut pour condisciple à l’école,
Armand Gautier, futur peintre (1825-1894). Deux cousins des Gachet avaient suivi un cursus médical, l’un
professeur de médecine et l’autre médecin militaire. En
1848, Paul commença ses études à l’Ecole de médecine
de Lille, puis y accomplit sa seconde année. En 1850, il
vint à Paris. Nommé en 1851 au concours de l’Externat
des hôpitaux, il poursuivit sa formation. En 1854, il se
porta volontaire pour l’épidémie de choléra dans le Jura
à Dôle : il fut victime de la contagion, mais en réchappa. L’année 1855 l’amena à poursuivre son Externat à
la Salpêtrière, puis à La Pitié en 1856. Entre temps, il
fut rejoint à Paris par son ami Armand Gautier, qui suivit des cours de dessin et d’aquarelle [2]. Pendant ses
études, Paul Gachet fréquenta les artistes, tels Courbet
et Meryon, et semble avoir été peu assidu de ce fait
aux cours et avoir même eut six refus à un examen. Ce
qui ne l’empêcha pas d’être conquis par l’enseignement
du Dr. Jean-Pierre Falret, l’aliéniste de la Salpêtrière et
codirecteur avec son collègue le Dr. Felix Voisin, de la
Maison de santé de Vanves. « Mal vu » en quelque sorte
à la faculté de Paris, Paul Gachet ira soutenir sa thèse
pour le doctorat en médecine à celle de Montpellier le
21 juin 1858 rapportant une « Etude sur la mélancolie »
(bius, Montpellier, 1858, n°38, 116 p.). Sa lecture a permis de confirmer qu’il était « Ancien Externe des Hôpitaux
de Paris, médaille de bronze 1853, ancien élève de l’Ecole
Pratique, médaillé requis pour l’épidémie de choléra 1854
et membre de la Société d’Emulation de Montpellier ». Il
avait dédié ces pages à Edouard Gachet, ancien principal
de collège à Lille, à Emile Gachet, directeur du bureau
paléographique de Bruxelles et au Dr J-P Falret, qui lui
a transmis sa passion pour les pathologies des aliénés.
L’impétrant aborda ainsi les différents types de mélancolies pour l’époque : religieuse, mystique, orgueilleuse, par
hallucinations, chronique, avec idée de suicide… Ce sujet
de thèse explique aussi sa capacité à écouter et conseiller les aliénés qu’il soignera plus tard, complétée par ses
dessins et peintures de malades atteints de pathologies
mentales, aboutissant aux « dessins de folles » du Dr. Paul
Gachet. Sur sa demande, le Dr. J-P Falret autorisa la venue d’Armand Gautier dans l’établissement pour réaliser
« les folles de la Salpêtrière » en 1855.
Le savant médecin et artiste exerça à Paris, 9 rue
de Montholon, se consacrant surtout à la médecine des
pauvres du quartier, sans omettre les femmes, les enfants
et les maladies nerveuses. En 1860, il fut nommé pour trois
ans commissaire au bureau de bienfaisance du 9e
arrondissement, où il distribuait les médicaments aux plus démunis. En 1863, il vint au 78 rue du Faubourg Saint-Denis.
Dans les années 1870, après le décès de ses parents, il bénéficia de rentes, qui justifièrent une baisse de son activité
médicale. Mais il diversifia son mode d’exercice, élargissant sa thérapeutique vers l’homéopathie et l’électrothérapie, s’intéressant aux maladies de yeux et des oreilles. Il
fut ainsi amené à donner ses soins à Daumier (1808-1879)
et à Pissaro (1830-1903). Restant allopathe, il avait toutefois sa « trousse homéopathique », ayant acquis une double
appartenance grâce à une émule d’Hahnemann. La phytothérapie ne lui était pas étrangère : le Dr. Paul Gachet
fut l’inventeur d’ « vulnéraire antiseptique » (médicament
cicatrisant) en 1870, grâce à une plante à vertus spécifiques. Pendant le conflit franco-allemand et ses prolongations en 1871, il fut médecin de la seconde ambulance
durant le siège de Paris. Mais dès 1865, il avait ajouté à
ses multiples fonctions celle de professeur bénévole d’anatomie artistique dans le 10e
arrondissement de la capitale.
Ses relations dans ce domaine ne faisaient que s’étendre
à Louis Watteau, G. Courbet et au graveur Charles Meryon
(1821-1868), qu’il suivit à sa sortie d’asile

Publiée

2016-09-01

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