Civilité : un concept en dialogue

Auteurs

  • Hélène MERLIN-KAJMAN

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https://doi.org/10.54695/mochi.070.0082

Mots-clés:

civilité, honneur, Confucius, étiquette, familiarité, hétérotopie, métaphores, Norbert Elias, anomie, subversion

Résumé

Il s’agit ici de faire le va-et-vient entre différents sens du mot « civilité », et les différents ancrages culturels de la réflexion (Europe, Asie). Dans les sociétés occidentales, l’opinion s’accorde pour diagnostiquer une crise de la civilité. Il semble que rien de tel n’existe à Taïwan et les chercheurs invités à observer la littérature et les productions artistiques voire politiques de l’île à la lumière de ce concept se heurtent à plusieurs difficultés. Or, leurs difficultés et leurs analyses se révèlent très instructives pour repenser l’émergence de la civilité en Europe. D’un côté, l’importance de la référence confucéenne, avec ses « Cinq Relations », peut aider à repérer l’importance de la sociabilité régie par le respect et la déférence, encore très prégnante en France sous l’Ancien régime, et à la distinguer tant de la sociabilité régie par la civilité d’origine érasmienne étudiée par Norbert Elias que de la civilité politique définie par Jurgen Habermas pour le XVIIIe siècle. A l’inverse, l’intérêt repéré pour les formes transgressant cette « civilité de façade » confucéenne (par exemple, le succès du roman Moderato Cantabile de M. Duras) permet de circonscrire, sur le long terme de l’histoire occidentale et peut-être sur un plan anthropologique, la valeur de la « familiarité » : franchise ou impolitesse contestatrice, mais aussi menace d’anomie sociale si elle phagocyte la civilité et la déférence. On en conclut qu’ici comme ailleurs, le sens final d’une civilité démocratique consiste à maintenir plusieurs références à la fois et à assurer leur traductibilité.

Publiée

2023-04-01