Progrès et contraintes de l’écologie : l’exemple des chemins de dépendances de l’agriculture chinoise
Mots-clés:
Agriculture, environnement, santé, chemins de dépendanceRésumé
L’encouragement d’un modèle agricole essentiellement productiviste depuis les années 1970 a
eu des impacts importants sur les ressources naturelles chinoises, alors même que celles-ci étaient
déjà soumises à la pression liée au développement industriel et urbain accéléré. En 2004, face
aux enjeux de sécurité alimentaire grandissants, le gouvernement a réinvesti la question agricole.
Depuis, les objectifs de protection de l’environnement et de santé figurent aux côtés des objectifs
de productivité dans les documents officiels concernant le développement agricole. Mais il apparaît
qu’en dépit d’une volonté grandissante d’infléchir le modèle d’agriculture intensive, des chemins
de dépendance se sont créés. Cet article vise à décrire ces chemins de dépendance, qui ont dessiné
des rapports de pouvoir rigides entre les différents acteurs du secteur. En marginalisant certains
acteurs qui forment encore la quasi-totalité de la main d’œuvre agricole, ces chemins de dépendance
restreignent les possibilités d’échanges et de changement de pratiques vers une meilleure prise
en compte de l’écologie. L’article cherche également à explorer le modèle émergent des AMAP
pékinoises, qui font figure d’alternatives possibles au modèle dominant et à ses rigidités. L’article
montre cependant que ces alternatives sont faibles et se limitent à certains secteurs ou à certaines
portions du territoire, qui font figure d’enclaves d’innovation et se rapprochent plus d’une agriculture « de luxe » pour une clientèle urbaine aisée, renforçant l’hypothèse des stratégies individuelles
comme réponses principales à cet enjeu de santé publique.