Aux frontières de l’identité : pronoms, classificateurs et focalisation narrative dans Membrane de Chi Ta-wei

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Résumé

Dans un genre comme la science-fiction encore largement dominé par la production anglophone,
quels peuvent être les apports narratifs et stylistiques de langues telles que le chinois ? Quel en
est l’impact sur le traitement des thématiques et des représentations littéraires au regard des conventions du genre ? Prenant pour point de départ les spécificités du système des classificateurs
et du système pronominal en langue chinoise, et leur mobilisation dans le court roman taïwanais
Membrane (Mo 膜), de l’écrivain, traducteur et théoricien du ku’er (酷兒) Chi Ta-wei (紀大偉),
notre contribution s’attachera à montrer comment ces catégories participent de la thématisation
du queer dans Membrane. En effet, si l’univers d’androïdes du roman émerge à la croisée d’un
imaginaire mondialisé et de l’évolution des réalités socio-politiques à Taïwan dès la fin des années
quatre-vingt, la réflexion que Membrane propose sur l’hybridité et la versatilité des identités sexuelles et biologiques semble pris dans des contradictions qu’une analyse poussée des mécanismes
linguistiques mis en jeu dans le roman permet d’éclairer. Mis en regard d’une double chronologie
de la littérature ku’er et de science-fiction à Taïwan et d’un aperçu exploratoire des procédés de ce
type en science-fiction anglophone, ce roman permet alors de nourrir une réflexion plus globale
sur l’apport des littératures de langues tierces au genre science-fictionnel.

Publiée

2018-03-05

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