L’ordre néo-maoïste du discours (analyse d’un usage récent de Foucault en Chine)

Auteurs

Mots-clés:

Michel Foucault, Soft Power, Huayuquan, Chine

Résumé

Cet article décrit la transformation subie par l’analyse foucaldienne de la relation entre pouvoir et
discours dans le contexte de sa « traduction » par l’intelligentsia de la République populaire de Chine
(notamment l’élite intellectuelle néo-maoïste et post-coloniale) sous le terme de 话语权 (huàyǔquán)
que l’on peut traduire par « pouvoir discursif » ou par « droit à la parole ». Nous analyserons d’abord
l’usage pro domo par le pouvoir et les intellectuels chinois de l’analyse du pouvoir proposée par
Foucault dans L’Ordre du discours, analyse qui s’est cristallisée en Chine dans l’expression de huày
quán, usage qui est à la fois paradoxal et juste. Nous définirons ensuite les rapports entre le concept
de huàyǔquán développé en Chine et celui de soft power : si la notion de soft power, empruntée des
Etats-Unis, est omniprésente en Chine, elle est problématique pour les autorités chinoises qui lui
préfèrent parfois celle de huàyǔquán pour des raisons que nous expliciterons. Enfin, nous montrerons que les œuvres du dernier Foucault, et notamment le développement d’une « politique de la
vérité » à travers le concept de parrêsia, mettent en lumière la différence profonde entre l’analyse
du pouvoir du dernier Foucault et son utilisation stratégique par les intellectuels et officiels chinois

Publiée

2019-12-01

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