D’une assimilation à l’autre : la transition des politiques éducatives japonaises à celles de la République de Chine à Taïwan dans l’après-guerre

Auteurs

Mots-clés:

Colonisation japonaise, éducation publique, après-guerre, République de Chine, Taïwan.

Résumé

La modernité de Taïwan a été marquée dans l’après-guerre par la collusion de deux expériences
historiques très différentes. Cédée par l’empire Qing au Japon en 1895, l’île de Taïwan a connu une
stabilité qui tranche avec les troubles traversant la fin de l’ère impériale et les premières décennies
de la République de Chine. Période charnière dans l’histoire insulaire, la colonisation japonaise
associe forte croissance économique, profonds changements sociaux et discrimination du colonisé
Taïwanais malgré un discours assimilateur aux accents pan-asiatiques. Les politiques éducatives
sont une bonne illustration de cette contradiction entre l’objectif revendiqué par les colonisateurs
(faire, à terme, de Taïwan une province à part entière de l’empire japonais) et la réalité insulaire
(le maintien d’une distinction stricte entre Japonais et Taïwanais, au détriment de ces derniers). En
effet, même après le passage de décrets promouvant une mixité scolaire, l’enseignement dispensé
aux Taïwanais reste de qualité inférieure à celui destiné aux jeunes résidents japonais. Malgré la
défaite du Japon et le rattachement de Taïwan à la République de Chine en 1945, les Taïwanais
ne sont toujours pas considérés par leurs nouvelles autorités de tutelle comme des citoyens à part
entière. Pour le KMT, les Taïwanais ont été trop marqués par l’occupation japonaise et il convient
de les « re-siniser » avant qu’ils puissent accéder aux mêmes droits que les Chinois des autres provinces de la république. Différentes politiques assimilationnistes sont menées, qui se traduisent à
nouveau par une discrimination des Taïwanais au profit, cette fois, des Chinois et des Taïwanais
alors résidant en Chine continentale et venus sur l’île avec le nouveau régime. Au niveau scolaire,
plutôt que la mise en place de mesures reconnaissant formellement une distinction entre Taïwanais
et Chinois, le gouvernement s’inspire d’initiatives qu’il avait prises en Chine dans les années 1930
pour renforcer son emprise sur les écoles et campus. Cette politisation de l’enseignement public
atteint son paroxysme après la retraite de 1949. L’anticommunisme est intégré à différentes matières,
tandis que le régime met sur pied des associations pour l’encadrement politique de la jeunesse. 

Publiée

2019-06-01

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