À propos de cette revue (when unique à)

Le thème de la responsabilité sociale de l’entreprise, est plus ancien qu’on ne le croit. On en trouve la trace aussi bien dans le paternalisme du XIXe siècle que dans les engagements de grands capitaines d’industrie du siècle passé, dont l’analyse historique aide à éclairer des développements plus récents. Mais force est de constater que c’est à la fin du XXe siècle que ce thème a pris une importance nouvelle et qu’il est devenu une préoccupation essentielle car il est la contrepartie de la place et du rôle majeur des entreprises dans un monde global. Le rapport au temps, le rapport à l’espace, l’inscription des entreprises dans leur cadre réglementaire, leurs relations avec les parties prenantes ont connu plus de changements dans les vingt dernières années que dans le siècle précédent. L’entreprise, à travers les conséquences environnementales de ses activités devient responsable vis-à-vis des générations à venir. Par sa position de donneur d’ordre ou de client de sociétés implantées dans des pays en voie de développement elle devient également responsable de salariés qui ne sont pas les siens. Du fait des attentes de consommateurs, de collectivités territoriales, de riverains, d’ONG, elle doit se poser des questions nouvelles sur les conditions et parfois même la finalité de ses activités. Les marchés financiers ne sont pas les derniers à avoir pris en compte cette nouvelle dimension à travers le développement de l’investissement socialement responsable et des agences de notation extra-financière. La consommation socialement responsable ou le commerce équitable posent également de nouveaux problèmes aussi bien aux producteurs qu’aux distributeurs. Ils questionnent la mobilisation des consommateurs via l’utilisation de labels ou d’autres répertoires d’action à la portée dénonciatrice plus forte. La formation et les processus d’apprentissage sont également influencés par l’émergence de nouveaux métiers s’exerçant dans ces nouveaux marchés « de la vertu ». Les questions de santé au travail sont remises au cœur des questionnements avec les (plus ou moins) nouvelles formes d’organisation du travail ou l’intégration des questions environnementales sur l’utilisation des produits controversés. Tous les secteurs d’activité de l’agriculture aux services, en passant par l’industrie, sont confrontés à la crise écologique et à la prise en compte des risques nouvellement identifiés ou au contraire invisibilisés. L’entreprise « en société » ne peut ignorer les enjeux de la transition sociale et écologique et doit l’accompagner.

Historique

La Revue de l’Organisation Responsable est une revue créée en 2006 par Jacques Igalens (Université Toulouse Capitole). Initialement conçue pour se saisir des changements liés à l’arrivée de la thématique de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE), thème omniprésent en management depuis le début des années 2000, la revue a très rapidement évolué, cette évolution se traduisant par un élargissement progressif des thématiques et des champs disciplinaires concernés. Le traitement pertinent de la thématique initiale suppose en effet une ouverture à toutes les formes d’organisations – entreprises, associations, coopératives, fondations, etc. – et une attention portée aux changements contemporains dans l’organisation de la production, de l’échange et de la consommation des biens et services. Pour le dire autrement, la ROR se définit aujourd’hui comme une revue qui accueille une réflexion critique sur les développements du capitalisme actuel, car elle a pour acte fondateur l’analyse de la tentative de poser la RSE comme un nouveau mode de régulation du capitalisme. Son objet originel qui semble au départ étroit impose en réalité un élargissement de la ligne éditoriale de la revue à l’ensemble des activités économiques modernes autour du travail, de la production, de l’échange et de la consommation.

Contenu

Le comité éditorial de la revue est résolument interdisciplinaire et composé de quatre enseignants-chercheurs de discipline différente. Frédérique Déjean, Celine Berrier-Lucas et Vivien Blanchet, représentent la gestion, Elise Penalva-Icher la sociologie, Nicolas Postel l’économie et Kathia Martin-Chenut le droit. Ce comité éditorial s’appuie sur un comité de rédaction large et représentant toutes les disciplines de sciences humaines et sociales et les courants théoriques qui les traversent et un comité d’orientation reconnu internationalement. Nous voulons que la ROR soit un espace de discussion interdisciplinaire fertile pour la production de connaissances sur les sujets qui la concerne. Ces espaces sont malheureusement trop rares et leur entretien représente un véritable challenge. Nous nous engageons à relever ce défi à la ROR avec le soutien du RIODD. En effet, en termes de collectif scientifique, la revue est également soutenue par le RIODD, réseau international de recherche sur les organisations et le développement durable, qui a pour vocation d’accompagner et promouvoir la recherche interdisciplinaire sur les mutations des activités économiques qui redessinent de nouveaux rapports entre les sociétés et les organisations humaines.

Dans ces domaines plus que dans d’autres, la dimension culturelle est importante et c’est pourquoi il nous est apparu utile de proposer une revue écrite en français et en anglais. La Revue accepte des articles écrits dans l’une ou l’autre des deux langues. Il va de soi que la revue fonctionne selon les principes des revues scientifiques internationales : soumission des articles par les auteurs, désignation d’un rédacteur en chef et de deux rapporteurs qui examinent ces propositions préalablement anonymisées et procédure de navette dans le cas où ces propositions devraient être retravaillées avant d’être publiées.

Enfin, la revue accepte des travaux de différentes natures. A côté des articles de recherches scientifiques, s’appuyant sur une démarche empirique, elle-même fondée sur une méthode qualitative et/ou quantitative, la revue publie également des articles théoriques ou des textes de praticiens qui peuvent éclairer d’une autre manière les politiques responsables des entreprises. Dans le cas d’articles présentant les résultats d’une enquête empirique, le comité éditorial sera très attentif à la qualité du terrain (i.e. saturation et/ou représentativité des données, présentation formelle des résultats). Dans tous les cas, le comité est attaché à la portée critique des textes, qui doivent proposer une contribution pour augmenter l’état des connaissances des pratiques présentées comme responsables des organisations.

Enfin, la ROR a le souci de ne pas être une simple procédure de sélection et elle s’efforce d’apporter, dans la mesure de ses moyens, une aide aux auteurs qui s’inscrivent dans son projet éditorial afin de les aider à progresser dans la production de connaissances scientifiquement validées.